Chapitre 5. Variabilité des crues et des paysages du lac Fitri depuis les grandes sécheresses des années 1970-1980

2019
L’importance des zones humides tropicales est reconnue a l’echelle internationale, tant pour leur biodiversite, leur role ecosystemique, que pour les ressources qu’elles fournissent aux societes (MADGWICK et PEARCE, 2017). A cette echelle, un constat de declin s’affirme aussi bien en superficie qu’en qualite (GARDNER et al., 2015 ; CREED et al., 2017). Au Sahel, les zones humides sont vitales pour les populations, notamment pendant la saison seche. Si les chercheurs demontrent le caractere reversible de l’extension de certains lacs, comme le lac Tchad qui se stabilise a un etat de « Petit lac » apres les secheresses des annees 1970-1980 (MAGRIN et al., 2015), les etudes peinent a prendre en compte la variabilite inter et intra-annuelle qui caracterise les regimes hydrologiques des lacs saheliens. « A ce rythme d’exploitation et sans changer le mode actuel d’utilisation […] la perte d’habitats et de biodiversite, mais aussi de systemes productifs et de ressources vitales pour la survie de la population, est inevitable » : cette conclusion alarmiste de l’evaluation de la zone de biosphere du Fitri par le BEGC (2016) ne tient pas compte de l’evolution des ressources du lac, liee a celle de la pluviometrie dans son bassin versant. L’objectif de cet article est de preciser cette variabilite inter et intra-annuelle. L’acquisition d’images satellitaires entre 1972 et 2015 fournit un suivi annuel pour cette periode ; un suivi mensuel est realise pour l’annee 2015. Une methodologie originale a ete experimentee pour discriminer les eaux libres et la vegetation marecageuse qui composent la zone humide. L’analyse des resultats contribue a mieux comprendre le fonctionnement du lac sur le court et le moyen terme, ainsi que l’evolution des surfaces de la zone humide ou se concentrent les ressources disponibles en saison seche. Une etude aux objectifs similaires existe pour le lac Tchad (LEBLANC et al., 2011), a partir d’une methodologie qui utilise les donnees thermiques (Tmax) du satellite Meteosat pour identifier les eaux couvertes de vegetation aquatique et fournit une serie chronologique mensuelle d’estimations de la superficie totale inondee pour le lac Tchad entre 1986 et 2001. Cette technique tire parti de la resolution temporelle elevee et du capteur thermique du satellite geosynchrone pour cartographier les eaux libres et les eaux couvertes de vegetation aquatique dans de grandes masses d’eau comme le « Petit » lac Tchad dont la superficie varie entre 3 000 et 14 000 km2. Elle est inadaptee pour un plan d’eau de taille relativement petite, en raison de la faible resolution spatiale des donnees Meteosat qui est de 5 km2. Nous proposons une nouvelle technique qui profite de la haute resolution spatiale pour une bonne repetitivite des donnees de teledetection optique. Elle permet de cartographier avec une precision plus elevee les zones humides de regions lacustres en zone aride et semi-aride pour suivre leurs variations a court et a long terme.
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