Le miel est-il un aliment toxique ? À propos d’un cas

2021
Objectif Presenter un cas d’intoxication avec du miel. Historique du cas Une patiente âgee de 32 ans, 65 kg, avec antecedent de rectocolite hemorragique en remission et sans traitement, fait l’acquisition d’un pot de miel (identifie comme « miel sauvage des montagnes ») lors d’un voyage au Nepal. Une fois rentree en France, elle consomme ce miel sur une tartine au petit dejeuner ; 2 heures plus tard, elle presente des nausees, un vomissement, des bouffees de chaleur, des paresthesies peribuccales, et des vertiges. Ces symptomes ont une duree de 6 h et sont mis en rapport avec le decalage horaire et la fatigue lies au voyage. 48 heures plus tard, elle consomme a nouveau du miel, et ressent dans les 2 heures suivantes a nouveau les memes symptomes de maniere plus marquee. Elle est donc admise au service des urgences. A son admission, elle presente une bradycardie sinusale a 30/min, avec ECG normal, une hypotension arterielle a 80/40 mmHg. Les symptomes ont regresse spontanement en moins de 24 h. La patiente est rentree a domicile sans traitement. La gravite a ete evaluee a 2 selon le Poisoning severity score. Resultats Un echantillon de miel, un prelevement sanguin, et de cheveux ont ete adresses au laboratoire de toxicologie ; les difficultes pour obtenir des substances de reference n’ont pas permis de realiser les dosages. Discussion Les grayanotoxines (GTXs) ou Rhodotoxines proviennent des feuilles et des fleurs de plantes de la famille des Ericaceae, dont le genre Rhododendron et Agauria. Des intoxications ont ete decrites dans les pays situes a l’Est de la mer noire, a partir d’aliments derives des Rhododendrons, et notamment avec la liqueur de Rhododendron [1] , car supposee porteuse de benefices therapeutiques divers. Le miel fabrique a partir du nectar et contenant du pollen contient ces GTX et est communement appele « miel fou ». Des intoxications sont rapportees egalement au Nepal. 25 isoformes de GTXs ont ete identifies dans les Rhododendrons. Les GTXs I, II et III sont les plus toxiques. Elles stimulent le systeme parasympathique, augmentent la permeabilite des membranes cellulaires au flux sodique notamment au niveau du nœud sinusal [2] . Ceci explique que les 2 symptomes le plus frequemment rencontres sont l’hypotension (100 % des cas), et la bradycardie (95 % des cas). De nombreux autres troubles du rythme peuvent etre rencontres (BAV, FA…). Les autres symptomes sont les vomissements, les vertiges, les paresthesies peribuccales, les syncopes. Notre patiente a presente un tableau typique. Dans la litterature, plusieurs observations font etat de dosages dans le miel et quelques rares etudes mettent en relation les dosages dans le miel et les dosages des GTX dans les liquides biologiques du patient sans qu’une correlation clinico-biologique ne soit reellement etablie [1] , [3] . Neanmoins le tableau clinique repete a 2 reprises ne laisse pas de doute sur l’imputabilite jugee tres probable selon la methode d’imputabilite en Toxicovigilance.
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