La vape de substances psychoactives dans le nord-ouest de la France (régions Bretagne et Normandie) : données d’AddictoVigilance

2020
Objectifs Les systemes electroniques de delivrance de nicotine offrent une alternative utile dans la substitution tabagique. Leur utilisation est de plus en plus repandue et le nombre d’utilisateurs a considerablement augmente ces dernieres annees. En parallele, le nombre de consommations de nouvelles substances psychoactives ainsi que de nouvelles modalites d’usage, comme la vaporisation, est en augmentation. Nous presentons les premieres donnees disponibles en Bretagne et en Normandie. Methode Les donnees recueillies dans notre base de donnees interregionale d’addictoVigilance depuis 2016 ont ete analysees. Les donnees analytiques concernant les e-liquides ont ete obtenues dans le cadre de la coordination regionale SINTES. Resultats Cinquante huit cas ont ete analyses. La plupart est signalee en 2019 (83 %). Les sujets sont jeunes avec un rajeunissement notable du groupe etudie au cours de la derniere annee ; 2018 et avant : [15–60], med = 22 ans, 2019 : [14–22], med = 17 ans. 113 effets indesirables ont ete observes parmi ces 58 cas : troubles neurologiques et psychiatriques (66 %), effets cardiovasculaires (17 %) et troubles gastro-intestinaux (6 %). Une dependance a ete signalee dans 4 cas. La plupart des e-liquides etaient etiquetes par les utilisateurs “PTC” ou K2, ceci est surtout vrai en 2019 (80 %), et faisaient reference a de possibles cannabinoides synthetiques. Dix e-liquides ont ete qualitativement analyses, un seul contenait du CBD. Les donnees quantitatives ne sont pas disponibles. Dans 8 echantillons, quatre cannabinoides synthetiques differents ont ete trouves : 5F-ADB (n = 4), 4F-ADB = 4F MDMB-BINACA (n = 4), 5F-MDMB-PICA (n = 2) et, pour la premiere fois en France metropolitaine, le MDMB-4en-PINACA (n = 2). 4 echantillons ont ete recemment collectes mettant en evidence la presence de 2 cannabinoides de synthese. Conclusion Le profil des consommateurs de substances par vape a recemment change sur notre territoire. L’utilisation de cannabinoides de synthese puissants, parfois nouvellement detectes en France metropolitaine, s’est repandue dans les lycees et a atteint des populations plus jeunes avec une nette augmentation de ce signal a partir de 2019, et l’observation de signes cliniques (angoisse, tachycardie, hypovigilance..) ayant parfois conduit a une prise en charge medicale. Ceci a conduit l’agence regionale de sante, le centre d’ AddictoVigilance et le rectorat a envoyer des informations organisees sur ce phenomene et a indiquer aux directeurs des etablissements de la region la marche a suivre devant de tels cas. Cette procedure nous permet desormais d’etre alertes en temps reel et d’etre plus efficaces tant pour le suivi global que pour l’accompagnement au cas par cas. Neanmoins, le nombre de cas est encore tres probablement sous-estime : depuis le debut de l’annee 2020, un renforcement du signal est observe avec 81 nouveaux cas collectes par notre centre d’addictovigilance au 21 fevrier, portant le nombre de cas a 139 dans notre territoire. En interrogeant notre base de donnees regionale “ADUC” (qui explore la population estudiantine), nous estimons l’incidence de la vape de substances (essentiellement “PTC”) a au moins 1,02 % en 2019 contre 0,4 % en 2018. Ces toutes dernieres donnees confirment l’usage croissant de cannabinoides de synthese via une vapoteuse chez les jeunes, en particulier en Normandie.
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