Reconnaissance en maladie professionnelle de l’atrophie multisystématisée en lien avec l’exposition aux pesticides

L’atrophie multisystematisee (AMS) est une maladie neurodegenerative rare appartenant a la famille des syndromes parkinsoniens atypiques, proche de la maladie de Parkinson (MP) tant sur le plan clinique que physiopathologique. Le nombre de cas d’AMS, restreint a cause de la frequence de la maladie, a cependant ete probablement sous-estime par erreur diagnostique avec la MP. Comme pour la MP, des liens ont ete etablis entre risque d’AMS et exposition professionnelle aux pesticides. Pour autant elle ne fait pas partie des pathologies inscrites aux tableaux des maladies professionnelles. Les donnees de la litterature sur le sujet montrent pourtant que la plupart des etudes ne font pas la difference entre la MP et ses formes atypiques dont l’AMS. Il semblerait alors legitime que l’AMS soit reconnue comme maladie professionnelle en lien avec une exposition aux pesticides. L’objectif de ce travail etait d’apporter des elements en faveur de cette reconnaissance. Nous avons realise une etude transversale comparant les modalites d’expositions professionnelles aux pesticides de patients atteints d’AMS et de MP. Notre population d’etude comprenait 39 patients exposes aux pesticides dont 17 atteints d’AMS et 22 atteints de MP. Les caracteristiques de l’exposition ont ete recueillies par questionnaire puis expertisees. Une evaluation semi-quantitative des expositions a ete realisee via l’utilisation d’une matrice culture-exposition. Une difference statistiquement significative a ete retrouvee concernant l’âge moyen au diagnostic (p-value = 0,041) et le delai de prise en charge (p-value = 0,001). Aucune difference statistiquement significative n’a ete retrouvee entre les deux maladies, ni pour le score d’intensite d’exposition aux pesticides (p-value = 0,144), ni pour les probabilites d’exposition aux differentes molecules d’interet dans la MP (p-value entre 0,059 et 0,938). Malgre certaines limites methodologiques, nous n’avons pas pu mettre en evidence de difference significative entre les deux pathologies quant aux caracteristiques de leurs expositions aux pesticides, resultats plutot en faveur de notre hypothese de depart. Il semble necessaire de poursuivre ce type d’etude et d’etendre la mise en place de la collaboration entre les centres de reference des maladies rares et les services de consultation de pathologie professionnelle sur le plan national afin d’atteindre la reconnaissance de l’AMS comme maladie professionnelle pour l’exposition aux pesticides. Une premiere etape pourrait etre de publier des recommandations nationales a destination des C2RMP, pour l’elargissement de la reconnaissance en maladie professionnelle de tous les syndromes parkinsoniens atypiques, pour l’exposition aux pesticides.